Sa chevelure
lèche le ciel
en horde
de gazelles
bondissantes, lapant
les steppes azurées
de leurs sabots
de soie.
Ses bras
découvrent
les chemins
que les doigts
griffent
dans l’air,
sa respiration
enveloppant
ses élans
comme un châle
frémit par le vent,
les lèvres
et les paupières
haletantes
enfièvrent
la rocaille sèche
de la robe de ses
dérobées,
si fraîches.
Ses anches
telles
les ailes
d’un papillon
fouillent
chaque recoin d’air,
traduisent
avidement
une à une
les runes oubliées,
&
s’abreuvent
d’une langue
qui ne s’épanche
qu’avec le corps.
Oh, laissez-la, vous!
Ses pas, pulsant
le sol saoul,
brûlent
la poussière
en diamants
&
Sa chevelure
lèche le ciel.
De la rebelle
en treillis,
la Kalachnikov
et les grenades
ont disparus,
déchus
par des perles
de sueur
que ses danses
tissent
en rivière
sur son cou mat;
aux yeux
de ce jeune soldat
un petit homme
de pas plus de seize
elle
n’est plus qu’un
cygne dans le désert
et il en pleure.
Il en pleure
des pleurs
saccadés,
qui sentent
si bon la liberté.
Le môme
ne savait pas
que c’était si beau
de voir
une femme
danser.
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Photo: SOULEIMAN, AFP 2016