Ils ont vendu l‘autre jour les Jeux au Parti.
«Que savez–vous, monsieur, de ces choses!
C‘est une tyrannie exemplaire,
voyons,
une tyrannie en voix de rédemption
mon cher!»
«Elle tue bien moins qu‘elle ne le faisait,
et de surcroit s‘est convertie
à la Très Sainte Religion
Capitaliste!», me rassure–t–on.
Ah! bien. Je me faisait du souci.
Ce n‘est qu‘une prostitution
passagère, alors.
Seulement, ils sont bien là, ces torturés,
mendiants de la liberté.
Ces héros de la Chine Libre,
amants à la nuque trouée,
ces Héraults de l‘espoir, morts
sans stèle
dont les dieux sacrifient
la mémoire et les efforts
sur l‘Autel du Ciel,
ne leur laissant pour toute tombe
que la fosse d‘un oubli de circonstance
creusée dans la mémoire commune.
Démocraties donneuses de morale
qui de leurs olympes acquiescent aux
Jeux de la honte.
Allez, courez! Foulez aux pieds
un peuple à la liberté
pillée.
Allez, concourez! Moquez-vous
de ce peuple
à la langue arrachée,
séquestrée,
la conscience stérilisée.
Pour trente pièces d‘or, au
cinq mille
de quatre–vingt neuf,
vous les dépouillez du peu qui
leur reste:
leur éternité.
Les stades sont prêts.
Au bout de la Place Tienanmen,
les portes de la Paix Céleste
s‘ouvrent fièrement à l‘humanité,
le Baron sur ses battants crucifié.
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Photo: Reporters Sans Frontières, “Pékin 2008” ~ http://fr.rsf.org/